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Fragile, album de Magnetic rust (disponible chez Rouille Magnétique records)

Nous sommes souvent étonnés de constater comment, contre toute attente, la musique électronique soulève chez nous un sentiment de forte empathie. Car dépassé, dans la plupart des cas, le côté dansant, tripant, de ce style musical, il apparaît que les artistes électro collent souvent au plus près des émotions. C’est ce que démontre Magnetic rust avec son dernier album en date, Fragile.

Ici, les sonorités sont synthétiques, cela ne fait aucun doute. Pourtant, c’est sur l’organique qu’elles font effet. Non seulement grâce à la structure évolutive des morceaux, mais surtout par cette excitation constante de la corde sensible qui est la nôtre.

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Magnetic Rust, comme il l’avait déjà montré dans The Machine, possède l’art de la narration musicale. Ses compositions sont telles qu’elles permettent de générer des images dans l’esprit de l’auditeur. Le premier morceau de La Chute, "Fear The Sun", n’est pas sans évoquer la course effrénée des personnages de slasher et rejoint en cela l’univers de John Carpenter, dont Magnetic Rust est un des dignes héritiers. La gravité de l’album, au propre comme au figuré, accompagnée de tourbillons psychédéliques, s’affirme dans "La Balance". Puis, la mélodie intensifie son côté dark nuancé d’éclaircies, de voix éphémères et de borborygmes métalliques dans "Elevation", pour tendre vers la déliquescence. Le rythme devient ensuite hypnotique, spiralaire et dansant dans la rave party, qui sert de support à la danseuse et au clip associés au morceau "Redemption", pour échouer finalement dans le glauque intensif, comateux et incertain du "Tunnel blanc". L’hésitation, le tâtonnement et la progression laissent pour finir une place de plus en plus affirmée à la pénétration dans le plus obscur des imaginaires et de l’inconscient. Le rythme strident et hypnotique, comparable aux griffes qui s’accrochent désespérément aux parois métalliques de la vie, provoquent dans "La Chute" la naissance de la mort inéluctable et de la fermeture de toute issue. L’opus qui progresse au plus profond de l’intime imprègne l’auditeur d’une mélancolie hésitante, qui le mène finalement avec le compositeur dans un gouffre chtonien. Néanmoins, les "Interludes" sont là pour assurer la respiration, la réflexion et l’échappatoire temporaires. Ainsi, Magnetic Rust réussit en un opus à converger vers différents styles électroniques : le krautrock, l’ambient, le new age et la dark electronic. Il s’agit ainsi d’une oeuvre testament qui évoque aussi bien les nuances du moi intime que celles du ça créateur du compositeur.

Chronique de THE MACHINE